A vos retraites, prêts, analysez

TRIBUNE AVRIL 2023

 

 

 

 

Au-delà, de l’analyse juridique que fera sous peu le Conseil Constitutionnel sur le texte de la réforme des retraites, il n’est pas rare d’entendre de l’Exécutif se plaindre de l’absence de propositions financières des organisations syndicales afin d’éviter que « les retraites » ne creusent les déficits budgétaires.

Aussi la CFE-CGC a apporté au débat une présentation chiffrée de ces propositions démontrant qu’il n’y avait aucune nécessité à augmenter dans l’urgence et sans analyse d’impact globale les conditions légales d’âge départ en retraite.

La réflexion de la CFE-CGC s’articule autour de trois axes :

       1. Retour à un partage de la valeur plus favorable aux salariés

La masse salariale est liée au PIB au travers du partage de la valeur ajoutée.

Les données de la Banque de France montrent que, entre 1997 et 2019, la part revenant aux salariés a baissé significativement, passant de 59,3 % à 54,9 %, alors que la part revenant aux actionnaires a triplé, passant de 5,2 % à 15,8 %.

Ce phénomène pénalisant les ressources de notre système de retraite est principalement lié à la financiarisation croissante menée par les directions générales des grandes entreprises ces vingt-cinq dernières années.

Un rééquilibrage doit intervenir rapidement.

La CFE-CGC a donc chiffré l’impact d’une augmentation de 2% de la part des rémunérations dans le PIB intervenant dès l’année 2025 du fait de la promulgation avant fin 2023 d’une loi instituant gouvernance d’entreprise responsable et conditionnalité des aides publiques.

Cette mesure améliore l’équilibre financier de 110 Mds€ sur les dix prochaines années.

 

        2. Amélioration de l’emploi de séniors

Les dispositions visant à améliorer l’emploi des séniors qui, pour être efficaces doivent prioritairement conduire au maintien des salariés séniors dans leur entreprise jusqu’à l’atteinte des conditions légales actuelles de liquidation de leur retraite, doivent avoir un impact rapide.

Le scénario chiffré par la CFE-CGC considère une réduction du nombre de séniors, en non-emploi actuellement, de 100 000 par an de 2024 à 2028.

En considérant un salaire moyen en fin de carrière de 40 000 € bruts par an, cela conduit à des recettes supplémentaires de 41 Mds€ sur les dix prochaines années.

 

     3. Evolution démographique

Loin de connaitre une évolution positive, l’espérance de vie a reculé pour cette période. La trajectoire de l’espérance de vie doit d’abord être estimée à partir de l’évolution de ses déterminants (état du système de santé et des hôpitaux, niveau des pollutions environnementales…) plutôt qu’en prolongeant en aveugle les tendances de long terme passées qui mènent à projeter une hausse future de l’espérance de vie d’un an tous les dix ans, laquelle est loin d’être acquise.

L’apport pour l’équilibre financier sur les dix ans à venir est donc croissant au fil des ans et l’améliore de 47,5 Mds€ sur les dix prochaines années.

En SYNTHESE ces chiffrages réalistes conduisent à une amélioration du solde financier de 198 Mds€ sur les dix prochaines années par rapport au scénario central du COR.

On n’est donc pas sur un déficit de 100 Mds€ sur les dix prochaines années mais sur un excédent de 98 Mds€ qui permettrait largement de financer, tout en ayant un régime à l’équilibre dans les conditions légales d’âge de départ actuelles, l’augmentation des petites pensions et la limitation de l’érosion planifiée des pensions sans pénaliser lourdement l’ensemble des salariés et en particulier les femmes ayant eu des enfants qui peuvent très majoritairement partir aujourd’hui à 62 ans.

Il y aurait de plus des gains financiers significatifs sur d’autres régimes, en particulier du fait de dépenses moindres d’assurance chômage et des systèmes de solidarité (RSA…), alors qu’une augmentation de l’âge légal de départ aurait un effet inverse très important. Les mesures décrites ci-dessus auront également un effet très positif au-delà des dix prochaines années.

Parce que « la réforme des retraites » de ce gouvernement ne sera pas en mesure de concourir au redressement des finances publics et pas plus qu’elle ne constituera une avancée sociale pour les futurs retraités, la CFE-CGC continuera à se battre, avec l’intersyndicale, jusqu’à son retrait.