Réforme des retraites : Est-elle nécessaire et juste ? 

TRIBUNE FEVRIER 2023

Réforme des retraites :

Est-elle nécessaire et juste ? 

 

 

Le 10 janvier dernier, la première ministre Madame Elisabeth Borne a présenté, lors d’une conférence de presse, le projet de réforme concernant l’avenir du système des retraites.

Celle-ci contenant diverses mesures (report de l’âge légal de départ en retraites à 64 ans en 2030), est injustifiée et porte atteinte à notre système, hérité des ordonnances de 1945 et de la vision de solidarité portée par le Conseil National de la Résistance.

 

Pourquoi la réforme des retraites est injustifiée ?

Sans polémiquer, il convient de rappeler deux éléments :

D’une part, selon le président du Conseil d’Orientation des Retraites (COR), Pierre-Louis Bras, lors de son audition devant la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale, il déclarait que les « dépenses des retraites ne dérapent pas » et d’ajouter que «les dépenses de retraites sont globalement stabilisées et même à très long terme ».

 Les propos du président du COR sont d’ailleurs légitimement appuyés par les chiffres. Le régime des retraites affiche respectivement pour les années 2021 et 2022, un excédent de 900 millions et de 1,3 milliards. Concernant les projections pour 2030, le COR estime que les retraites seront légèrement déficitaires entre 0,5 et 0,8% du PIB mais que le déficit sera maitrisé !

D’autre part, il est nécessaire de se rappeler que la loi de finances pour 2023 précise que la réforme des retraites et celle de l’assurance chômage doivent « participer à la maitrise des dépenses publiques ».

En somme, cette réforme des retraites répond plus à une logique comptable et de gestion des finances publiques qu’à une transformation de la société aménageant le temps de la retraite.

 

Pourquoi cette réforme fait preuve d’injustice ?

1) Relèvement de l’âge de départ à la retraite L’âge légal de départ à la retraite passe de 62 ans à 64 ans.

Le relèvement de l’âge est étalé. Il commence le 1er septembre 2023 à raison de trois mois supplémentaires par année de naissance à partir de la génération 1961 (né à partir du 1er septembre). La cible (64 ans) sera atteinte en 2030 à partir de la génération 1968. L’âge du taux plein automatique ne change pas, il reste fixé à 67 ans.

2) Augmentation de la durée de cotisation (accélération de la réforme Touraine)

Cette augmentation était déjà programmée dans la réforme Touraine de 2014 avec pour objectif de porter à terme la durée de cotisation nécessaire pour obtenir le taux plein à 172 trimestres (soit 43 annuités), mais le gouvernement accélère sa mise en œuvre. Avant la réforme, la montée en charge était beaucoup plus progressive. Les 172 trimestres ne concernaient que la génération à partir de 1973. Aujourd’hui les assurés nés à partir de l’année 1965 devront acquérir 172 trimestres pour partir au taux plein (alors qu’actuellement, on ne leur demande que 169).

 

A la CFE-CGC nous réitérons notre opposition ferme et absolue à cette réforme.

Ces mesures sont extrêmement violentes socialement, tant par leur ampleur que par le rythme auquel elles sont mises en œuvre. C’est une atteinte à la liberté de choix du futur retraité et un éloignement de l’horizon du taux plein pour des générations très proches de la retraite.

Au-delà de la conjugaison de ces deux mesures iniques, l’injustice de la réforme se cristallise autour de trois thèmes principaux

  • La pénibilité: D’une part, le projet de loi ne reprend pas en compte des critères de pénibilité supprimés en 2018 (manutention manuelle de charges, postures pénibles, vibrations mécaniques, exposition aux risques chimiques). D’autre part, même si ces salariés pourront partir de façon anticipée, ils devront travailler plus longtemps qu’aujourd’hui. Enfin, il convient de ne pas oublier que selon l’INSEE 12% des salariés employés dans des métiers pénibles décèdent avant l’âge de 62 ans.
  • L’emploi des séniors: Aucune mesure, à l’exception de la publication par les grandes entreprises d’un index sur l’emploi des seniors n’est prévu. Bien évidemment cet index ne saurait constituer la définition d’une politique de l’emploi des séniors. Rappelons qu’en France en 2021 seulement 56% des 55-64 ans occupent un emploi contre 71,8% en Allemagne.
  • La situation des femmes. Comme le constatait récemment un ministre, elles sont les grandes perdantes de ce projet de loi. D’une part, elles ont souvent des carrières hachées (maternité, temps partiel), sont moins bien rémunérées que les hommes et à ce titre bénéficient de retraites moins élevées. De plus, elles occupent souvent des métiers avec une composante « pénibilité » avérée. A titre d’exemple, reculer l’âge de départ en retraite de deux ans leur fait perdre le bénéfice des majorations de durée d’assurance pour avoir eu des enfants. Initialement, ce dispositif avait pour objectif de compenser le temps passé à l’éducation des enfants et leur permettre de partir plus tôt en retraite. Ce n’était que justice !

La litanie des critiques de ce projet n’est pas exhaustive. Sans doute conviendrait-il de mentionner ici que la réforme va peser sur ceux de nos compatriotes qui ont commencé à travailler tôt. Ainsi un jeune qui aura commencé à travailler à 20 ans devra cotiser 44 ans et non pas 43 ans.

La CFE-CGC estime qu’il faut avant tout travailler sur le maintien en emploi des seniors pour améliorer les recettes d’un système qui n’est pas en péril, plutôt que de faire peser le recul social seulement sur les futurs retraités.

Mais si vous aviez des doutes sur nos affirmations, nous vous invitons à vous rendre sur le site de l’assurance retraite qui met à la disposition de ses assurés un simulateur via un mini-site dédié (la-reforme-des-retraites-et-moi.fr). Ce simulateur vous permettra d’évaluer les impacts, pour votre retraite de base, du projet de réforme, en s’appuyant sur votre situation personnelle. Il sera très régulièrement complété et mis à jour, pour s’ajuster rapidement aux annonces et aux évolutions du projet de loi.