RACHAT DES RTT PAR L’EMPLOYEUR : « C’est travailler plus pour gagner moins », dénonce le président du syndicat CFE-CGC

Rachat des RTT par l’employeur : « C’est travailler plus pour gagner moins », dénonce le président du syndicat CFE-CGC

 

 

Le Sénat a voté, dans la nuit de lundi 1er à mardi 2 août, la possibilité pour une entreprise de racheter les RTT de ses salariés, mais le président de la CFE-CGC critique l’idée que ce rachat serait bénéfique pour le pouvoir d’achat des salariés.

 

Article rédigé par franceinfo Publié le 02/08/2022 14:36 

 

François Hommeril, président de la CFE-CGC, était l’invité de franceinfo le 17 mai 2022. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

La possibilité de rachat de RTT par les entreprises votée dans la nuit du lundi 1er au mardi 2 août par le Sénat est « un « dispositif d’attaque des droits sociaux », dénonce le président de la CFE-CGC François Hommeril, sur franceinfo. Il est signataire d’une tribune publiée dans le Journal du Dimanche dénonçant la mesure. François Hommeril déplore également le « discours assez pervers » du gouvernement qui décrit cette mesure comme un gain de pouvoir d’achat.

franceinfo : Vous signez cette tribune intitulée « Monétisation des RTT cheval de Troie d’une régression sociale », pourquoi employer ces termes-là précisément ?

 François Hommeril : Je pense que ces termes sont parfaitement adaptés. C’est travailler plus pour gagner moins. Parce que premièrement, dans cette opération de monétisation des RTT, ces heures sont valorisées à 10% en supplément de leur valeur, alors que ce sont des heures supplémentaires. Et au lieu de les rémunérer avec une majoration de 25%, on va autoriser l’employeur à ne le faire que de 10%. Donc il y a une moins-value. Par ailleurs, on va l’exonérer de ses cotisations d’employeur. Mais qui va payer ses cotisations en remplacement ? C’est l’impôt. Ce sont les salariés. C’est définitivement inacceptable et il s’agit effectivement d’une régression sociale.

Le gouvernement, lui, insiste sur le côté volontaire. Que craignez-vous ? Que certains patrons forcent la main des salariés ?

Je ne crois pas que les employeurs soient forcément mal intentionnés. Simplement, ce que je sais, c’est que le champ de contraintes qui s’exerce vis-à-vis des salariés est extrêmement fort et c’est un champ de contraintes qui est relié à l’activité économique de l’entreprise. Les salariés sont très concernés par cette question. Ils sont très attentifs à la marche de leur entreprise et à leur investissement. Donc il y a le risque que les contraintes qui sont liées à l’activité de l’entreprise s’imposent à eux.

Pourquoi selon vous ?

Peut-être que par conscience professionnelle, ils vont dire finalement, je ne vais pas prendre ma RTT, je vais me la faire payer. Et peut-être même que l’on va le leur demander. Il ne faut pas perdre de vue que l’exercice professionnel se fait dans un lien de subordination. Donc, lorsque l’on vient demander à quelqu’un « ça serait bien si tu ne prenais pas ta journée de vendredi, mais que tu viennes travailler contre cette petite bonification de 10% et que moi, employeur, je vais être exonéré de toutes les cotisations », le salarié risque de se sentir obligé de dire oui.

Êtes-vous d’accord avec ces élus de gauche et écologistes qui parlent d’un enterrement des 35 heures voté en pleine nuit ?

Je suis d’accord avec les termes de la tribune que j’ai signée. Cela me paraissait important de m’associer à cette tribune parce que je suis d’accord avec tout ce qu’elle décrit du dispositif d’attaque des droits sociaux et du discours que je trouve un peu perfide, qui prétend « donner du pouvoir d’achat », alors qu’en vérité, on appauvrit les gens. Il me semblait important de m’associer à cette tribune pour lancer l’alerte par rapport à un discours que je trouve assez pervers.